"Seconde Chance" - La bande-annonce
29/11/2018Mercredi 5/12 à 20h sur CALEDONIA © CALEDONIA Retrouvez-nous sur www.caledonia.nc
Mercredi 05/12/2018 à 20h, le documentaire "Seconde chance" est diffusé sur CALEDONIA.
Ce film rare qui interroge sur notre société a été réalisé par Jenny Briffa et Jérôme Javelle. Pendant un an, l'équipe a obtenu l'autorisation exceptionnelle de suivre trois jeunes placés au foyer d'action éducative de Nouville, dans leur quotidien mais aussi au tribunal, dans le bureau du juge des enfants, ou au Camp Est.
À quelques kilomètres du centre-ville de Nouméa, le foyer d’action éducative de Nouville accueille des mineurs placés par la justice.
Auteurs présumés ou condamnés de crimes ou délits, ces jeunes hommes délinquants sont encadrés 24 heures sur 24 par des éducateurs.
"Seconde chance" raconte l'histoire de trois jeunes placés au foyer pour des crimes et délits : Thomas, Lucas et Marco.
Découvrez la bande-annonce du film.
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Il y a deux ans quand nous avons lancé ce projet, la question de la délinquance des mineurs était vraiment au coeur de l'actualité. J'ai réalisé que tout le monde parlait de ces jeunes, mais que personne ne leur donnait la parole. J'avais très envie de les entendre, de les laisser s'exprimer. Je me suis dit que le plus évident serait de pouvoir passer du temps avec eux dans un foyer ; à la fois pour pouvoir les suivre sur le long terme, voir le travail réalisé par les éducateurs, et leur donner la parole.
Cela n'a pas été simple au début ! Mais je m'y attendais... Les jeunes n'avaient pas forcément envie que l'on soit là... Ils ont conscience qu'ils sont placés dans un foyer parce qu'ils ont commis des actes répréhensibles. Ils ont donc honte... Alors voir une équipe de télé débarquer, ce n'est pas évident. Mais nous avons pris le temps de créer du lien. Et, ils ont fini par nous oublier et par nous faire confiance aussi.
Ce sont souvent des jeunes qui ont eu des vies cabossées, qui viennent des squats ou quartiers difficiles, dans des familles souvent dysfonctionnelles. Mais ces jeunes, au fond, ne sont pas méchants, même s'ils sont parfois exaspérants (rires) ! Ils ont beaucoup de complexes alors qu'ils ont plein de talents sous-exploités - souvent dans les domaines artistiques ou sportifs. Finalement, donc, on a réalisé de très belles interviews avec ces jeunes. Les éducateurs étaient parfois surpris de voir qu'ils nous parlaient autant. Ils avaient conscience, je crois, que nous étions une oreille différente : pas un éducateur, pas un juge, pas la famille... Et surtout je leur ai bien expliqué que finalement, à travers ce film, ils parleraient aux Calédoniens. Finalement, on comprend que souvent, ils ont sombré dans la délinquance un peu malgré eux. Comme le dit un jeune dans le film "y'a personne qui nous a montré la route."
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C'est une question que l'on aborde avec les jeunes dans le film. Et comme souvent, les situations sont diverses. Certains le disent "on s'en fout de la politique. On n'est pas assez grands pour voter". Un des jeunes que l'on a suivi a caillassé des gendarmes "pour faire comme les grands" ; mais sans vraiment réfléchir à ce qu'il faisait... On a réalisé que chez les jeunes mineurs, on est plus dans l'immaturité, la bêtise et le suivisme que dans l'idéologie.
Nous avons pu tourner des audiences avec le juge des enfants au tribunal, mais aussi au Camp Est au quartier des mineurs, ou encore des séances de travail avec un avocat. Il faut saluer le travail effectué par la justice dans son ensemble. Le grand public est souvent déconcerté par les réponses judiciaires apportées face à la délinquance des mineurs. Les Calédoniens dans leur ensemble souhaitent souvent des réponses plus répressives qu'éducatives. Mais c'est oublier que la France considère que l'éducation doit primer avec les jeunes délinquants. C'est ce que prévoit le code pénal depuis l'ordonnance de 1945 sur l'enfance délinquante.
Et effectivement, on voit bien dans le film, à quel point il est important de privilégier l'éducatif plutôt que le simple enfermement en prison où le jeune va finalement se désocialiser. La vie au foyer est très encadrée. Ce n'est pas la prison certes. Mais ce n'est pas non plus la liberté. Loin de là ! Les jeunes n'ont pas le droit au téléphone portable, pas d'internet, tout est cadré, ils n'ont pas accès à leurs chambres avant 18h etc. Il y a toute une série de règles et contraintes à respecter. On cherche à leur donner un cadre qui leur a manqué bien souvent.
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C'est vraiment un tournage que je n'oublierai jamais. Il y a eu des moments d'intenses émotions quand l'un d'entre eux évoque ses envies suicidaires face à son éducateur visiblement désemparé, quand un jeune du foyer a finalement été incarcéré au Camp Est et qu'on l'a retrouvé là-bas, ou encore quand l'un des jeunes annonce à son avocat qu'il est premier de sa classe. Il fallait voir son sourire et ses yeux qui pétillaient de fierté !
C'est vraiment bouleversant de voir la trajectoire de ces jeunes Calédoniens. On ne peut s'empêcher de penser que leur vie aurait pu être bien différente s'ils avaient grandi dans des situations moins précaires. Les inégalités sociales font le lit de la délinquance des mineurs.
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Marco
En tant que réalisatrice calédonienne, j'essaie, grâce à mes films, de contribuer à la construction du vivre ensemble et d'oeuvrer pour une meilleure compréhension entre les communautés, tout en veillant à ne pas tomber dans un optimisme béat.
La question de la délinquance des mineurs peut-être un frein au vivre-ensemble car c'est un problème qui touche majoritairement les jeunes kanak, ou les jeunes océaniens. Pas parce qu'ils sont kanak ou océaniens. Mais parce-qu'ils viennent de milieux sociaux défavorisés. Tout comme la délinquance en col blanc touche majoritairement des personnes européennes qui sont bien insérées dans la société, la délinquance des mineurs touche, elle, majoritairement (mais pas exclusivement) des jeunes océaniens défavorisés. C'est la réalité. Avec ce film, nous montrons simplement que l'on ne naît pas délinquant. On le devient parce qu'on grandit dans un milieu défaillant, avec souvent des conditions de vie difficiles.
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